Historique :
Cette méthode de Biologie Moléculaire a été mise
au point en 1985 par Kary Mullis, qui obtint pour ces travaux le
prix Nobel de Chimie en 1993. Aujourd’hui, ce procédé révolutionnaire
couplé à l’utilisation d’une ADN polymerase
thermorésistante permet d’obtenir, sans clonage, une
amplification considérable d’un fragment donné d’ADN.
Principe :
La réaction PCR (Polymerase Chain Reaction) permet d'amplifier in vitro une région spécifique d'un acide nucléique donné afin d'en obtenir une quantité suffisante pour le détecter et l’étudier.
Pour se faire, une série de réactions permettant la réplication d’une matrice d’ADN double brin est répétée en boucle. Ainsi, au cours de la réaction PCR, les produits obtenus à la fin de chaque cycle servent de matrice pour le cycle suivant, l’amplification est donc exponentielle.
Pour avoir réplication d’un ADN double brin, il faut agir en trois étapes. (1) Il faut dénaturer l’ADN pour obtenir des matrices simple brin ; (2) borner et amorcer la réplication de la séquence à amplifier à l’aide d’oligonucléotides amorces spécifiques ; (3) réaliser la réaction de polymérisation du brin complémentaire. A la fin de chaque cycle, les produits sont sous forme d'ADN double brin.
Pour réaliser une amplification
sélective du fragment recherché, l’expérimentateur
va devoir optimiser les conditions expérimentales.
Dans les chapitres suivants, vous trouverez quelques informations
pour comprendre les critères et les limites dans le choix
des différents paramètres.
Les amorces :
Dans la mise au point de la réaction PCR, le choix des amorces est crucial. Elles vont avoir un double rôle : en s'hybridant à l'ADN matrice, elles délimitent la région d’ADN à amplifier (étape 2 du cycle) et avec leur extrémité 3' OH libre servir d’amorce pour l’ADN polymérase (étape 3 du cycle).
Les oligonucléotides amorces s’hybrident aux extrémités de la séquence qui va être amplifiée, il faut donc connaître les séquences nucléotidiques des extrémités de la région ADN amplifiée. C'est en effet au niveau de ces extrémités que les oligonucléotides amorces vont s'hybrider. Pour faciliter le choix des séquences des deux amorces, des logiciels d’analyse de séquences permettent de vérifier les points suivants :
- des Tm comparables. Les oligonucléotides amorces doivent s’hybrider à l'ADN matrice dans les mêmes conditions de température,
- des séquences qui ne soient pas complémentaires entre elles (en particulier dans la région 3’),
- des séquences qui ne contiennent pas de séquences répétées inversées (pas de repliement intramoléculaire).
Il est alors possible de faire synthétiser les deux oligonucléotides
(d'une vingtaine de bases). La synthèse chimique d'ADN permet
d'obtenir des oligonucléotides dont l'extrémité 5'
n'est pas phosphorylée (5'OH) contrairement aux ADN "dits" naturels.
Ainsi, tous les fragments d'ADN amplifiés par PCR sont déphosphorylés à leurs
extrémités 5'
Les températures :
Les trois étapes, constituant un cycle de PCR, sont effectuées à des températures différentes permettant de contrôler l’activité enzymatique :
- l’étape de dénaturation, est réalisée à environ 95°C, pour une dissociation complète des deux brins d’ADN.
- l’étape d’hybridation se fait à une température qui sera définie selon la nature des amorces (cette température varie de 50 à 60°C). Cette température va déterminer la stabilité des hybrides une fois que l’appariement amorces / matrice est réalisé.
- l’étape de polymérisation est à environ 72°C, température de « travail » de l’ADN polymérase thermorésistante utilisée. Au cours de cette étape, les brins complémentaires d’ADN sont synthétisés à partir des extrémités 3’OH libre des amorces hybridées.
Pour calculer le Tm d’un oligonucléotide inférieur à 30 nucléotides, on utilise la relation suivante :
Tm = 2 (A + T) + 4 (G + C)
(où A, T, G et C sont respectivement le nombre de chacune
de ces bases dans l’oligonucléotide).
L’ADN matriciel :
En théorie une copie ADN de la séquence recherchée
est suffisante pour avoir une amplification, il faut cependant tenir
compte de la probabilité de « rencontre » des
molécules d’ADN matrice avec les amorces. Dans la pratique
plusieurs copies sont nécessaires pour avoir un résultat
correct. Mais attention, la mauvaise qualité et/ou une quantité trop
importante d’ADN matrice peut conduire à une amplification
aspécifique, voire à une inhibition enzymatique. Il
est possible d’expliquer cette inhibition par la présence
de contaminants provenant de l’échantillon ou des réactifs
utilisés dans les protocoles d’extraction d’ADN.
L’ADN polymérase :
Les premières ADN polymérases utilisées provenaient
d'une bactérie thermophile (résistante à des
températures très élevées), comme par
exemple Thermus aquaticus (Taq polymérase). De nos
jours, les enzymes utilisées sont dites recombinantes,
ce qui simplifie considérablement leur obtention, et leurs
propriétés ont été largement modifiées
pour les rendre plus efficaces et plus fidèles.
Le tampon :
Le tampon utilisé pour la réaction PCR sert à maintenir
stable le pH du milieu réactionnel au niveau optimal pour
la Taq polymérase (TrisHCl à pH basique 8,5 à 9).
Il contient des cations bivalents Mg2+, cofacteurs indispensables
pour la réaction de polymérisation avec la Taq polymérase.
La présence dans le milieu réactionnel des cations
bivalents Mg2+ et de cations monovalents (K+ ou
NH4+) vont neutraliser les charges négatives
des groupements phosphates au niveau de l’ADN et ainsi stabiliser
les hybrides ADN/ADN. En pratique, la concentration en sel doit cependant
rester compatible avec l’activité de l’ADN polymérase.
Conditions expérimentales
En début d’expérience il y a un
large excès d’oligonucléotides amorces ainsi
que des dNTP en quantité suffisante pour synthétiser
les copies d’ADN. La concentration en ADN est très faible.
La difficulté en début d’expérience se
situera essentiellement au niveau de la probabilité de rencontre
des amorces avec l’ADN matrice. Au fur et à mesure de
l'avancée de la PCR, les copies d’ADN s’accumulent.
Cette augmentation de la quantité d'ADN s'accompagne de modification
du milieu réactionnel. La viscosité du milieu réactionnel
augmente, les quantités d’oligonucléotides amorces
et de dNTP diminuent. De plus, la synthèse d’ADN est
accompagnée de la libération d’ions pyrophosphates
qui en concentration élevée inhibent l’activité de
la Taq polymérase. En fin d'expérience PCR, les conditions
expérimentales auront changé jusqu'à devenir
de plus en plus défavorables à une bonne activité enzymatique.
On peut comprendre alors que le nombre de cycles lors d'une expérience
PCR soit limité (généralement entre 30 et 40
cycles).
Aspects quantitatifs de la réaction
PCR :
Le nombre de cycle est défini par l’expérimentateur selon le degré d’amplification souhaité, dans la plupart des cas, ce nombre est d’environ 30. En théorie (et seulement en théorie!) il y a un facteur d’amplification de l’ordre de 230 soit un facteur d'un milliard. Nous avons vu dans le paragraphe précédent qu'en pratique les conditions expérimentales évoluent au fur et à mesure de l’avancée des cycles, le rendement de la réaction de polymérisation évolue de même, on peut espérer obtenir avec 30 à 40 cycles, un facteur d’amplification de l’ordre de 105 à 106.
L'animation suivante permet de suivre le nombre de copies synthétisée au cours d'une PCR de 30 cycles. La représentation graphique est réalisée avec une échelle semi-logarithmique. La quantité de copies "longues" d'ADN devient rapidement négligeable devant le nombre de copies d'ADN cible.
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